Les neumes grégoriens

La notation grégorienne se fait à partir des éléments de base qu’on appelle les neumes grégoriens. Pour interpréter le chant grégorien, il est indispensable dans un premier temps de pouvoir décomposer une mélodie en neumes; c’est le passage obligé de l’interprétation rythmique.
Cet article liste les différents neumes et leurs caractéristiques. Une vidéo d’exercices pratiques y sera jointe…

Notions de base du chant grégorien

a. Préliminaires

La portée de chant grégorien comprend 4 lignes et 3 interlignes que l’on compte de bas en haut. Les clefs sont de deux sortes :

La clef de do

cle de do

La clef de fa

cle de fa

Les deux clefs peuvent se situer sur la 2ème, 3ème ou 4ème ligne (on compte les lignes à partir du bas).

b. Les notes

Les notes simples sont :

Le punctum carré

punctum

Le punctum losangé

punctum losangé

 L’apostrophe. Dans l’édition vaticane et dans le Paroissien romain (Desclée, nº 800), l’apostropha, au lieu d’avoir sa forme propre, sorte de grosse virgule, est représentée par un punctum carré.

L’apostropha ne s’emploie jamais seule : on appelle deux apostropha une distropha .

bistropha - Chant grégorien

Trois apostropha s’appellent une tristropha.

tristropha

La virga

virga

La virga est souvent doublée, elle s’appelle alors bivirga. Elle est un neume fort.

bivirga

Le quilisma

C’est une note dentelée précédée et suivie d’une ou plusieurs notes. On interprète le quilisma en appuyant légèrement la note précédente. En soi, le quilisma est fait pour faciliter la montée ; le fait d’allonger excessivement la note précédente produit l’effet inverse, un blocage rythmique qui empêche la montée. Il faut en quelque sorte glisser sur la note dentelée pour monter plus rapidement.

quilisma

Par elles-mêmes, toutes les notes grégoriennes, quelle que soit leur forme, qu’elles soient isolées ou groupées en neumes valent un temps simple et indivisible. Cette notion de la valeur précise du temps est très importante, car elle est à la base même du rythme.
Le signe qui peut modifier la durée de la note grégorienne est le point mora : «.» qui double la note qu’il affecte.

point mora

L’épisème horizontal qui peut affecter une ou plusieurs note est un signe d’expression (accentuation, éclat, posé du rythme). L’usage qui consiste à allonger voire doubler la note est un abus qu’il faut tendre à supprimer, car il engendre une lourdeur incompatible avec le chant grégorien.

episeme horizontale

L’épisème vertical ou ictus, indique le premier temps du rythme. Nous y reviendrons.

episeme vertical

c. Neumes

Un neume est un ensemble de deux notes ou plus. Ne peuvent appartenir à un même neume que des notes appartenant à la même syllabe.

Les neumes de 2 notes
podatus

Le podatus (ou pes) :
Deux notes superposées qu’on lit de bas en haut.

clivis

La Clivis :
Deux notes descendantes (carrées). On lit de haut en bas.

Les neumes de 3 notes
porrectus

Porrectus :
Trois notes dont les deux premières sont placées aux deux extrémités du large trait oblique. Neume en général puissant.

torculus
torculus 2

Torculus : Trois notes dans le sens inverse du porrectus.

salicus

Salicus :
Les signes qui le caractérisent :
•    une série montante d’au moins trois sons
•    terminée par un podatus
•    sous lequel est placé un épisème vertical.
L’interprétation en est quelque peu disputée. Habituellement, on allonge la note épisémée. La chose est discutable dans la mesure où cette manière de faire provoque un blocage dans la montée de la mélodie et casse le rythme. Il serait sans doute préférable de se contenter de marquer le temps sur l’ictus, puisqu’il est le point d’appui du rythme, sans rallonger la durée.

scandicus

Scandicus : Série montante d’au moins trois notes autres que le salicus. Il peut se présenter sous différentes formes.

climacus

Climacus : Virga culminante suivie d’au moins deux puncta losangés descendants.

flexus

Flexus (fléchi) : On qualifie ainsi les neumes qui terminés normalement à l’aigu (porrectus, scandicus), fléchissent encore d’une note vers le grave.

resupinus

Resupinus (retourné vers le haut) : On qualifie ainsi les neumes qui, terminés normalement au grave (torculus, climacus), se relèvent d’une note vers l’aigu.

subpunctis

Subpunctis (suivi de puncta en dessous) : On qualifie ainsi les neumes qui, terminés ou non par une virga culminante, sont suivis de puncta losangés descendants. S’il y a deux puncta, le neume est dit subbipunctis ; s’il y en a trois, il est dit subtripunctis.

Praepunctis (précédé de punctum ou de puncta) : On qualifie ainsi les neumes précédés d’un (ou plusieurs) punctum accolé en général au neume.
Toutes ces notes d’ornement qui rendent le neume flexus, resupinus, subpunctis, praepunctis, font partie intégrante du neume ; il sera important de se le rappeler pour la place des ictus.

praepunctis

Notes liquescentes. Elles sont représentées par des caractères plus petits que les autres : elles se trouvent à la rencontre de deux voyelles formant diphtongue : autem, ou de certaines consonnes. Elles valent un temps simple comme les autres notes, mais la voix les exécute avec douceur et légèreté.

liquescence 1

Le Pressus : On appelle pressus, la rencontre et fusion de deux notes de la manière suivante :

•  soit par un punctum carré (ou virga) placé devant la première note d’un neume, sur le même degré et la même syllabe :
•  soit par la juxtaposition de deux neumes, la dernière note du premier neume se trouvant sur le même degré et la même syllabe que la première note du second.

pressus
pressus 2
pressus 3

Remarque : la distropha et tristropha ne font pas pressus avec les neumes et puncta qui précèdent ou suivent. Ce sont des neumes autonomes.