IIIe Dimanche de l’Avent

La répétition de l’introït Gaudete

Table des matières

Commentaires des pièces de cette messe par Dom Baron.


INTROÏT

LE TEXTE

Réjouissez-vous dans le Seigneur toujours.
Une fois de plus je le dis, réjouissez-vous.
Que votre modestie (au sens de modération, de douceur) soit connue de tous les hommes.
Le Seigneur est proche, que rien ne vous trouble ;
Mais qu’en toute chose, par la prière,
Vos demandes soient portées devant Dieu.

Ps.Tu as béni, Seigneur, la terre, tu as fait cesser la captivité de Jacob. Philip. IV, 4 – Ps. LXXXIV, 2.

Il y a là trois conseils de Saint Paul : réjouissez-vous, soyez modestes, ne vous laissez pas dominer par les soucis ; et, au milieu, une sentence de trois mots : le Seigneur est proche. Cette sentence, la ponctuation du texte la rattache à ce qui précède : Réjouissez-vous, soyez modeste, le Seigneur est proche ; la ponctuation de la mélodie, elle, la rattache à ce qui suit : le Seigneur est proche, que rien ne vous trouble. Du point de vue de l’expression c’est la ponctuation de la mélodie qu’il faut suivre, il va de soi.

Dans le cadre liturgique, Dominus prope est prend un sens nouveau. Par le fait qu’ils sont chantés au temps de l’Avent, ces trois mots ne se rapportent pas seulement au Seigneur, qui se tient tout proche, en nous et autour de nous et qui devrait, par sa présence, et ses relations avec nous, être la raison de notre joie, de notre douceur, de notre confiance abandonnée, mais au Seigneur qui vient, qui sera là sans tarder, dans la chair, dans la grâce ou dans la gloire. Ils deviennent ainsi l’idée centrale de tout le texte et en précisent l’interprétation. Il n’est plus une suite de conseils pour toutes circonstances mais une exhortation de l’Eglise à ses membres, les pressant de réaliser dès maintenant, la joie, la mansuétude, la confiance que la venue prochaine du Sauveur mettra dans les âmes.

LA MÉLODIE

Elle est une invitation à se réjouir, pénétrée elle-même de joie. Cette joie n’est pas une jubilation ; elle n’a pas d’éclat non plus. Elle est comme un courant de vie qui, discrètement, passe dans les mots et les phrases, les entrainant d’un mouvement régulier mais de plus en plus pressant jusqu’au nihil solliciti sitis du sommet où elle s’épanouit en une exhortation enthousiaste à laisser tout, pour entrer bientôt dans la jubilation de la grande allégresse qu’on dit de plus en plus proche.

Le caractère progressif de cette pression joyeuse est très marqué dans la première phrase. Bien posée par la clivis épisématique et le quilisma, avec je ne sais quoi de ferme déjà dans ce départ recueilli, elle monte vers le sommet, entrainée par le salicus, les trois rythmes ternaires qui se suivent et l’accent tonique de semper, et, jusqu’en la thésis, garde cette force de volonté qui veut s’imposer : iteram dico. Même joie persuasive et même progression dans la seconde phrase. Le mouvement par une arsis forte et bien marquée – notez le salicus et le quilisma – va vers hominibus, sortant cette fois la mélodie de l’ambiance du ré pour l’établir en fa. C’est de là qu’elle repart pour l’enthousiaste montée de prope est et l’accent de nihil, admirable d’ardeur communicative. La détente se fait tout au long de la thésis qui vient rimer avec celle de la phrase précédente et ramène, pour la fin, la discrétion du début. C’est encore la période d’attente, et la joie, si elle doit dominer un instant les soucis, ne les enlève pas. Il faut les porter, sans la perdre ; d’où le conseil de la prière. Il est donné sur un ton qui ne manque pas de chaleur, avec le pressus de omni, le beau motif ascendant de oratione, la distropha de innotéscant ; mais qui revêt aussi la modération passible d’un avis pratique.

Le Psaume, qui est comme la réponse du peuple à l’invitation qui lui est adressée, et bien servi par la formule toute joyeuse du 1er mode.

Chanter dans un mouvement tranquille mais sans cesse entretenu par les crescendos discrets des arsis.

Poser avec fermeté la double note de iterum, qui est une bivirga épisématique. Donner une certaine longueur au torculus de nota.

Le crescendo de la troisième phrase bien mené jusqu’à nihil qui sera fort, c’est une bivirga.

Le torculus qui suit, quelque peu allongé.

Selon la mélodie, oratione se rattache à omni. La double note de innotéscant est une bivirga avec épisèmes ; l’appuyer fortement. Le Psaume est une action de grâces ; lui donner de l’onction.

GRADUEL

LE TEXTE

Toi qui sièges, Seigneur, au-dessus des Chérubins,
Excite ta puissance et viens.

Verset.Toi qui mènes Israël, prête-nous attention.
Toi qui conduis comme une brebis Joseph. Ps. LXXIX, 2, 3, 1.

C’est une prière simple qui demande à Dieu de venir pour prendre soin de son peuple comme le pasteur, de son troupeau.

Les premiers mots demandent explication. Sur le couvercle de l’Arche d’alliance, le couvrant de leurs ailes étendues, se trouvaient deux chérubins en or, tournée l’un vers l’autre. C’est là, entre leurs ailes, que Dieu manifestait sa présence et rendait ses oracles, d’où le nom de propitiatoire qu’on donna à ce lieu sacré entre tous. C’est dans ce sens littéral qu’il faut entendre le qui sédes super Cherubim dans le psaume.

Au sens liturgique, il va de soi que la prière va directement vers Dieu siégeant dans le ciel au-dessus des anges et qu’elle a pour objet précis la venue du Messie. Israël et Joseph s’entendent de l’Eglise. C’est elle d’ailleurs qui est en scène. On vient de lui redire, à l’Epître, que le Seigneur est proche et qu’il faut se dégager de tout pour le recevoir. Répondant à cette annonce et à ce conseil, elle se tourne vers lui ; l’appelle et, jetant sur lui ses soucis, le prie de la guider, en bon pasteur qu’il est.

LA MÉLODIE

Ce qui frappe, tout d’abord, dans la première partie, c’est le contraste entre les deux phrases : super chérubim monte jusqu’aux limites extrêmes du mode, veni descend aussi bas que possible. Il y a là évidemment une évocation de Dieu siégeant au plus haut des cieux et de la terre où on lui demande de descendre, mais, à travers ces deux mouvements si opposés, passe la prière intense de l’Eglise. Toute l’expression est là.
Prière à la fois contemplative et suppliante.

Contemplative d’abord, dans toute la première phrase. L’âme ne demande pas encore ; Elle fixe le Seigneur et, prise par a vision de splendeur que lui offre le texte, elle se tend vers lui de toute la force de son admiration et de son désir. Quelle admirable progression mélodique ! On dirait que l’âme, à mesure qu’il se fait, chante le déroulement des splendeurs dans lesquelles elle se perde de plus en plus. Elle part, toute simple, sur les quatre notes de qui sédes, monte lentement sur la finale du mot, comme surprise de ce qu’elle voit, s’arrête sur Domine toute ravie déjà, en un accent d’une exquise délicatesse, puis s’élance, d’un bond, suivant l’extase qui l’emporte, ardente de joie, de désir et d’amour. Peu à peu et comme à regret, elle revient à elle tout le long de la cadence de chérubim. Sur excita, au début de la seconde phrase, elle est bien sur la terre, la terre du péché dont elle est un élément. C’est là que se fixe maintenant sa pensée ; et ce qu’elle voit est tellement bas, ce qu’elle demande à Dieu contraste si fort avec ce qu’il est et ce qu’elle est, que, tout naturellement, elle l’exprime par un mouvement descendant qui dit son humble condition et la confusion qui l’envahit…comme si elle n’osait. Mais sa prière est admirable. Elle passe d’abord sur les mots sans s’attarder, seul tuam la retient un peu parce qu’il se rapporte directement à Dieu. C’est là qu’elle commence à se faire suppliante. Elle continue sur véni avec un accent qui la fait de plus en plus pressante, mais sans éclat. Elle demeure dans le grave, prosternée, humble jusqu’à être émouvante.

Le Verset. – (VII) Qui régis Israël, inténde : qui deducis vélut ovem Joseph.

Une prière encore, et elle a le même objet ; mais l’Eglise n’a plus la même attitude. Ce n’est plus au Dieu Très Haut, siégeant en majesté au-dessus des anges qu’elle s’adresse, c’est au chef qui mène son peuple ; plus simplement encore, au pasteur qui conduit son troupeau. Evidemment, les relations sont plus faciles de brebis à berger que d’homme à Dieu. Il y  moins de distance, moins de gravité, plus d’aisance. Ainsi, la mélodie est-elle devenue plus légère. Elle est toujours une prière et très ardente parfois, mais la simplicité, voire une sorte de familiarité intime, la caractérisent, plutôt que l’admiration et l’humble crainte révérentielle.

Même motif musical et donc même expression sur deducis dans la seconde phrase ; toutefois aucun mot de prière ne se trouvant dans le texte, la supplication est beaucoup moins marquée ; la vocalise est réduite et c’est au mot Joseph qu’est réservé, en conclusion, tout le développement mélodique. Il se déroule sur toute l’étendue du mode en un rythme admirable, qui enveloppe d’intercession et d’admiration passible et pieuse le peuple de Dieu et l’Eglise qui le continue et l’achève.

Il faut se garder de rechercher l’effet, dans cette pièce particulièrement. La mélodie, par ses contrastes pourrait y porter, mais l’effet se réalise de lui-même si l’on chante avec intelligence dans un rythme exact.

On aura soin, dans l’intonation, de bien conduire le crescendo. Le chœur posera bien la première note de super afin d’éviter que le pressus ne soit heurté, mas il doit être fort et ardent. Donner une certaine ampleur à l’intervalle mi-la sur la dernière syllabe de super et le bien lier. Les cinq dernières notes de Chérubim, retenues.

Dans la seconde phrase, garder de la sonorité aux notes basses. Que tuam soit très expressif : poser doucement la voix sur la virga pointée et la renforcer jusqu’au la. Ces quatre notes de am seront toutes élargies ; bien lier le la au ré. La distropha de et, douce : la répercussion, délicate. Toute la finale de Véni, élargie et très arrondie.

Le Verset, plus léger, ce qui ne veut pas dire rapide. Le petit rythme très peu marqué, les distrophas souples ; même celle du sommet de régis doit être relativement douce ; que le mouvement s’y épanouisse. Les trois notes qui la suivent, quelque peu retenues. Israël fort et expressif. L’accent de inténde bien lancé et très suppliant. L’intervalle ré-sol de Joseph, élargi et très lié. La formule finale bien rythmée en un souple decrescendo.

ALLELUIA

LE TEXTE

Excite, Seigneur, ta puissance et viens pour nous sauver. Ps. LXXIX, 3.

C’est celui du Graduel. L’auteur a seulement ajouté le mot Domine et continué, jusqu’à la fin, le verset qu’il avait coupé à ut salvos facias nos.

LA MÉLODIE

C’est une mélodie type. On la trouve plusieurs fois sur des paroles très différentes, mais nulle part elle n’est aussi parfaitement adaptée qu’à ce texte à qui elle donne un caractère de prier paisible, délicate, intime. Il n’y a de pression – et combien elle est discrète – que sur les deux premiers mots. Tout le reste, toute la longue vocalise de et véni est une prière baignée de joie, expression d’une âme aimante qui se contente d’exprimer son désir, confiante qu’il est déjà exaucé dans la pensée de Celui qui est toute puissance aussi bien que tout amour. La reprise du chœur sur facias nos demeure dans la même paix heureuse.

Allonger un peu la dernière syllabe de excita et arrondir le sommet du climacus. Un crescendo discret sur Domine.

La vocalise de Véni sera très liée, les épisèmes horizontaux légers et courts, bien dans le mouvement.

L’épisème sur la troisième note de la dernière syllabe de facias indique un salicus ; la note sera allongée. La cadence finale bien balancée.

OFFERTOIRE

LE TEXTE

Tu as béni, Seigneur, la terre,
Tu as fait cesser la captivité de Jacob,
Tu as remis l’iniquité de ton peuple. Ps. LXXXIV, 2.

C’est le verset de l’Introït avec une phrase de plus. Action de grâces dans laquelle le psalmiste reconnaît ce que le Seigneur a fait. Le Psaume fut écrit après le retour de la captivité de Babylone, d’om les trois titres auxquels tous les bienfaits sont ramenés : la Terre promise qui retrouve sa prospérité, le retour des prisonniers, le pardon du péché.

Ce chant de reconnaissance est fort bien amené dans le cadre liturgique par l’Evangile qui vient d’être lu. Saint Jean-Baptiste dit aux Juifs : « Au milieu de vous se tient celui qui doit venir après moi. » C’est la présentation officielle, si l’on peut dire, du Christ à ceux qui l’attendaient, à l’Eglise qui l’attend toujours plus dans la grâce et dans la gloire. Celle-ci répond par un chant d’action de grâces pour la Rédemption qui vient. Le Seigneur a béni sa terre car elle a donné son fruit merveilleux ; la nature humaine du Christ et tous les membres de son Corps mystique. Il a fait cesser la captivité des hommes qui étaient sous le joug de Satan. Il a pardonné les péchés de toute la race.

Le fait qu’il est chanté au moment où est offerte la matière du sacrifice rédempteur lui donne en plus un accent d’actualité dont il faut faire profit. Nous sommes le fruit de la terre de bénédiction et c’est, par notre offrande, jointe à celle du Christ dans le sacrifice, que s’achèvent la délivrance et le pardon du peuple.

LA MÉLODIE

Trois phrases en progression ascendante. La première, à part une échappée sur Domine, se tient autour de la tonique mi du IVe mode. La seconde, par une modulation sur avertisti, s’établit dès le début sur la dominante la du Ier mode et s’achève, par une nouvelle modulation sur la tonique sol du VIIIe mode. La troisième, partant de cette modulation acquise, pose sa teneur sur la dominante do et s’y maintient jusqu’à ce que le dernier mot la fasse redescendre pour finir vers la tonique du mode initial de mi.

Cette progression, malgré ce qu’elle a de technique, est à signaler parce qu’elle met dans un relief saisissant l’intérêt croissant de l’idée : bénédiction, libération, rédemption, en l’enveloppant dans une expression de joyeuse gratitude qui monte, elle aussi, avec la grandeur du bienfait reçu.

L’intonation est toute contemplative. L’âme, sur ce mot de bénédiction, se laisse aller à son amour reconnaissant, dans une atmosphère de douce intimité, qui trouve une expression parfaite dans les rythmes paisibles et la cadence mystérieuse du IVe mode. Elle s’anime un peu sur Domine et sa joie s’éveille à mesure qu’elle monte vers térram, où elle met l’accent de son ardente tendresse pour la terre de Dieu, qui est aussi sa terre.
Il y a quelque chose de plus vif dans la seconde phrase. La mélodie est devenue presque syllabique sur captivitatem, allégeant le mouvement. La joie aussi s’avive, elle envahit l’âme, qui s’émeut au souvenir du bienfait si ardemment désiré que fut la libération, et vient s’épanouir sur Jacob en des rythmes délicats qui chantent, avec la même tendresse que la terre de Dieu, son peuple choisi.

Sur Remisisti iniquitatem, la mélodie brusquement prend un nouveau caractère. Un souffle puissant passe dans cette montée lente qui s’étale sur le mot de péché, et la fait grandiose, émouvante, dramatique, on peut bien el dire, car c’est bien du drame de la Rédemption qu’il s’agit. L’âme chante à pleine voix sa gratitude mais dans une atmosphère de gravité ; consciente de ce que doit le monde dont elle est la voix, à l’amour miséricordieux qui l’a sauvée.

Doucement, la mélodie revient à la contemplation sur plébis tuae. L’idée du peuple de Dieu, entendu ici de l’universalité des élus, la retient comme l’ont retenue à la fin des deux autres phrases la terre et Jacob. Elle s’y complaît, s’enveloppant de paix, d’admiration et d’amour. La formule est toute simple mais traitée avec un art merveilleux. L’auteur a seulement doublé la première partie de la cadence ordinaire du IVe mode et fait la soudure en allongeant la première note du podatus ; moyennant quoi, il a donné à l ‘arsis de Remisisti une thésis proportionnée et fourni à l’âme le chant délicat qu’il lui fallait pour dire toute sa tendresse.

Ne pas presser l’intonation ; les nuances des manuscrits sont : retenez, modérez ; il faut s’y complaire. Il y aura de l’élan sur Domine mais un élan mesuré qui gardera quelque chose du mouvement retenu de l’intonation. Ne pas attaquer avec force et térram : on adoucira l’attaque par un renforcement sur la note pointée de Domine, ce qui n’empêchera pas l’accent tonique et le caractère ardent qu’il doit avoir.

Ne pas précipiter le début de la deuxième phrase. Bien veiller au rythme de captivitatem qui doit avoir de la vie ; la première note de tem bien arrondie. Se complaire légèrement sur Jacob ; bien faire la répercussion sur la distropha, avec un léger renforcement de la voix.

Un crescendo bien mené sur Remisisti et jusqu’à l’accent de iniquitatem. Le decrescendo se fera insensiblement sur plébus tuae : bien balancer les deux petits motifs d’arrêt entre chaque phrase, après le ralenti des cadences.

COMMUNION

LE TEXTE

Dites : Pusillanimes, prenez courage
Et ne craignez pas.
Voici que notre Dieu vient
Et il nous sauvera. Isaïe, XXXV, 4.

Cette parole du prophète demandant à ceux qui ont l’espérance ferme et vive de relever le courage des âmes qui se lassent d’attendre, nous arrive, à travers l’Eglise, avec la même vertu réconfortante, augmentée encore par le fait qu’elle est chantée au moment où les fidèles reçoivent le pain de vie qui sauve de la mort…. Voici que notre Dieu vient…

LA MÉLODIE

Elle a vraiment le ton d’une parole de réconfort, comme la voix de quelqu’un qui comprend, qui sympathise et qui s’emploie, avec délicatesse et entrain à la fois, à redonner courage. Notez les deux salicus de pusillanimes, quelle touche délicate et forte à la fois d’aimable charité ! Le mot n’a ici aucun sens péjoratif et il n’y a pas dans la mélodie la moindre nuance de reproche. «  Allons, vous qui êtes abattus...» serait une bonne interprétation, avec, en plus, un sourire du cœur. A mesure que la mélodie s’élève sur confortamini, il s’y mêle de l’entrain et de la joie, une joie qui voudrait se communiquer. Elle est admirable de douceur et de simplicité sur le motif répété de nolite timére.
Dans la deuxième phrase, sans perdre son caractère de sympathie condescendante, elle se pénètre de religieuse gravité. C’est le mystère de l’amour miséricordieux que l’âme chante. Et elle le chante pour elle tout autant que pour ceux qu’elle a à consoler ; d’où la vénération et la tendresse dont elle enveloppe les mots, véniet particulièrement.

Il faut bien marquer les salicus de pusillanimes ; les manuscrits indiquent sur le premier une nuance assez rare : cum fragore, avec éclat. Il est d’ailleurs assez difficile de la rendre sur la syllabe i. Le crescendo s’épanouira sur la tristropha de confortamini avec douceur. Il doit être une persuasion qui entraine plutôt qu’une force qui contraint. Ralentir toute la descente de véniet. Bien élargir l’épisème de et, c’est un salicus qui, avec l’épisème horizontal du climacus de salvabit contribue à mettre, sur cette dernière incise, une fois encore, un accent de réconfort.

Epître, évangile et préface chantés de cette messe, voir ici