Johann HASSE (1699 – 1783)

HASSE Johann Adolf, dit Il Sasonne

Hasse est né à Bergedorfprès de Hambourg en 1699. Son père était organiste et lui enseigna lamusique. Très attiré par le chant, il partit étudier à Hambourg etrejoint une compagnie italienne où il chantera comme ténor de nombreuxrôles du répertoire italien. En 1719, il obtient un poste de chanteur àl’Opéra de Brunswick. Vers 1722, il va à Naples pour perfectionner saformation musicale auprès de Nicolo Porpora et d’Alessandro Scarlatti.Il commence à produire des opéras qui connurent un grand succès àNaples et dont la réputation s’étendit à toute l’Italie.

Il est nommé maître de la chapelle royale napolitaine, poste qu’il cumule avec celui de maître de chapelle à l’hospice degli Incurabili à Venise. Invité à Dresde où la cour était friande de la séduisante musique italienne, il succède à Heinichen, éliminant le pauvre Zelenka, et devient maître de chapelle du roi Auguste de Pologne (dont était à Dresde à cette époque). Il restera à la cour de Dresde de nombreuses années tout en conservant ses charges à Venise et ne cessant de parcourir l’Europe, où ses opéras étaient prisés.

En 1745, Frédéric le Grand est émerveillé de  son Te Deum et de son opéra Arminio. Cinq ans plus tard, il est reçu à Paris où il chante devant la princesse de Saxe devenue dauphine de France. Il est à cette époque le maître incontesté de l’opéra seria et sa collaboration avec Métastase (Pietro Metastasio, poète italien), dont il mettra en musique tous les livrets, s’avèrera très fructueuse.

Lors de la guerre de 7 ans, Dresde fut assailli par les Prussiens et un incendie détruisit la plus grande partie des partitions de Hasse prêtes à être publiées par l’Electeur de Saxe. A la mort de ce dernier en 1763, son successeur confronté à d’énormes dépenses ne put garder Hasse et sa femme Faustina Bordoni, célèbre cantatrice ; il les renvoya. Après un séjour à Vienne où les opéras de Glück triomphaient et la musique du jeune Mozart commençait à s’imposer, la musique de Hasse parut rapidement surannée. Ils se retirèrent à Venise en 1771.

Hasse donnait des cours, recevait et se consacra à la musique religieuse. Il s’éteignit le 23 décembre 1783. Compositeur prolixe, Hasse confia au musicologue anglais Charles Burney qui le rencontra à Venise en 1771 qu’il se comparait « à ces animaux d’une fécondité prodigieuse dont la progéniture était soit détruite en bas âge, soit abandonnée au hasard, leur seul plaisir étant de procréer. » Il écrivit tous les opéras de Métastase et chacun dans deux ou trois versions différentes. A toutes ses compositions pour le théâtre – 62 opéras – il faut ajouter 15 oratorios, 10 messes et extraits de messes, 3 Requiems, des Miserere, des Stabat Mater, etc…

Quant à ses cantates, sérénades, œuvres de musique de chambre et concertos, ils étaient si  nombreux qu’il avouait « qu’il ne les reconnaîtrait pas s’il les entendait ou si on les lui mettait sous les yeux. » La musique de Hasse est une musique limpide, loin de toute complexité d’écriture, aux mélodies simples qui lui valurent une grande notoriété, à l’instar des deux airs que le mélancolique Philippe V d’Espagne demanda à Farinelli de lui chanter tous les jours pendant dix ans.

Nous trouvons dans la musique religieuse de Hasse une certaine attache à la culture des compositeurs de son pays, Buxtehude entre autres, lointaine réminiscence qui tente de contrebalancer la forte prégnance de musique italienne.

Alain Maurel